Crédit immobilier : « 45 % des dossiers sont refusés », les courtiers dénoncent le taux d’usure
Bérengère Dubus est secrétaire générale de l’Union des intermédiaires de crédit.
MIDI LIBRE – RICHARD DE HULLESSEN
Le syndicat des courtiers en crédit immobilier dénonce l’évolution trop lente du taux d’usure, fixé par la Banque de France, par rapport au contexte économique actuel. L’organisation professionnelle, fondée à Montpellier en 2019, appelle à manifester le 20 septembre à Paris.
« Les courtiers en crédit immobilier sont en colère. Leur unique syndicat, l’Union des intermédiaires de crédit (UIC), fondé en 2019 à Montpellier, organise une manifestation mardi 20 septembre devant la Banque de France, à Paris. À l’origine de ce mécontentement : l’évolution trop lente, selon les professionnels, du taux d’usure, le taux maximal auquel un prêt peut être accordé. Celui-ci est fixé par la Banque de France à la fin de chaque trimestre, pour le trimestre suivant, afin de protéger les emprunteurs d’éventuels
45 % des dossiers de crédit sont refusés
Mais pour l’UIC, le niveau actuel du taux d’usure conduit à des “conséquences dramatiques”, aussi bien pour les emprunteurs, dont les demandes d’emprunt sont refusées, que pour les courtiers, en difficulté depuis plusieurs mois déjà. « 45 % des dossiers de crédit immobilier portés par des particuliers sont refusés », alerte Bérengère Dubus, secrétaire générale de l’organisation. « Avec la guerre en Ukraine, les marchés ont dévissé. Nous avons connu une hausse historique des taux d’emprunt, de 1,35 à 1,95 %. Au mois de juillet dernier, le taux d’usure aurait dû remonter tout de suite. Nous sommes actuellement sur un décalage de six mois par rapport à l’évaluation de la Banque de France », poursuit Bérangère Dubus. « En effet, au délai d’estimation du taux d’usure par la Banque de France, il faut ajouter les trois mois qui séparent l’accord donné à un crédit et le déblocage des sommes ».
« Il y a une dimension sociale du crédit »
Pour la secrétaire générale de l’UIC, on assiste aujourd’hui à une situation inédite : « On n’a jamais connu une remontée aussi brutale des taux, conjuguée à une réglementation du crédit aussi stricte ». Face à cela, le syndicat des courtiers dénonce « un refus de dialogue de la Banque de France ». « Cela fait trois mois que nous tirons la sonnette d’alarme. Il y a un déni total de la Banque de France. Cela fait trois ans qu’ils ne nous reçoivent pas, alors que nous avons été reçus par le ministère de l’économie et des finances, les chambres de commerce locales. Le refus de notre organisme de tutelle de nous recevoir a cristallisé la colère ».
Bérengère Dubus insiste sur l’enjeu que représente l’accès au prêt immobilier pour de nombreux Français : « Être propriétaire, c’est la seule chose qui protège les classes moyennes et modestes. Il y a vraiment une dimension sociale du crédit. Et une violence, à dire à quelqu’un qu’il ne pourra jamais devenir propriétaire ».
La représentante de l’UIC souligne aussi ce que représente la profession de courtier en crédit, aujourd’hui en France : « 34 000 sociétés en France. À Montpellier, 200 emplois. En 2021, 60 % des emprunteurs ont consulté un courtier et plus de 40 % ont finalisé leur crédit avec lui ».(*) Contactée, la Banque de France n’a pas donné suite à notre sollicitation dans nos délais.
« On s’en sort mieux à Montpellier »
Dans le contexte difficile qu’elle décrit, la secrétaire générale de l’UIC observe que Montpellier « s’en sort mieux pour l’instant ». « C’est une ville active au niveau de l’immobilier. Il y a une culture des banques, qui savent que stopper le marché n’est pas une bonne idée. Il y a aussi une population jeunes, de nombreux fonctionnaires ». Autant de facteurs qui, pour l’instant, on amortit un phénomène plus durement ressenti dans d’autres villes et régions. Bérengère Dubus tire cependant la sonnette d’alarme sur « une situation qui dure depuis mai-juin ». La représentante de la profession précise que « de gros courtiers nationaux soutiennent le mouvement » et que l’UIC connaît actuellement « un gros mouvement d’adhésion ».
Source Midi Libre
Fabien Arnaud
Publié le 16 septembre 2022
0 commentaires