Crédit immobilier : vers une actualisation mensuelle du taux d’usure ?
Les professionnels du crédit immobilier sont conviés par la Banque de France à une réunion de consultation sur l’actualisation mensuelle temporaire du taux maximum auquel on peut emprunter. Réévalué tous les trois mois, il empêcherait certains ménages d’emprunter.
Une rencontre est organisée à la Banque de France ce mercredi matin pour réfléchir à une mensualisation temporaire du calcul des taux d’usure pour les crédits immobiliers. (Illustration) LP/Aleister Denni
On croyait le dossier clos par la Banque de France. Et pourtant. Celle-ci a envoyé vendredi, à la surprise générale, une invitation à tous les acteurs du crédit immobilier pour « une réunion de consultation sur la mensualisation temporaire du calcul des taux d’usure », le taux maximum auquel on peut emprunter. Au lieu d’une revalorisation trimestrielle, laquelle a d’ailleurs porté le 1er janvier le taux d’usure à 3,57 % pour les prêts de 20 ans et plus. La rencontre, organisée ce mercredi matin, sera coanimée par la direction générale du Trésor, une des services de Bercy.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, s’était d’ailleurs dit à plusieurs reprises préoccupé par le dossier et à l’écoute des courtiers. Fait inédit, ces derniers avaient, à l’initiative de l’Union des intermédiaires du Crédit, manifesté le 20 septembre devant le siège de la Banque de France avant d’être reçu par le gouverneur. Celui-ci avait alors affirmé avoir accéléré la collecte des données auprès des banques pour que le taux d’usure colle au plus près aux taux pratiqués. Insuffisant semble-t-il, la folle remontée des taux de crédit excluant de 10 % à 40 % des emprunteurs selon certains courtiers.
« Ça bloque tout mon projet immobilier » : ces emprunteurs qui pâtissent toujours du taux d’usure. Depuis, le dossier taux d’usure était semble-t-il passé au second plan. La Banque de France nous répétait la semaine dernière que ce taux maximum auquel on peut emprunter n’était pas la cause principale du ralentissement de la production de crédits immobiliers. Mais que cela était davantage dû à la hausse des taux de crédit ou des acheteurs dans l’attente d’une baisse des prix de l’immobilier. « Le taux d’usure n’a pas empêché de faire, 218 milliards de nouveaux prêts cette année », analysait Marie-Laure Barut-Etherington, directrice générale adjointe à la direction des statistiques, études et international.
Sauver le premier semestre 2023
« Depuis le temps que nous attendons cette réunion, nous sommes vraiment impatients », se réjouit Estelle Laurent, responsable communication du courtier Credixia et administratrice de l’Association française des intermédiaires en bancassurance, qui sera présente lors de cette rencontre. À ses côtés se tiendront des représentants des autres associations professionnelles représentant les Intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (IOSBP), de la Fédération bancaire française et de l’Association des sociétés financières. Il faut dire que le temps presse. Car la remontée du taux d’usure au 1er janvier a, selon plusieurs courtiers, déjà été effacée par les nouvelles grilles de taux de crédit envoyées par les banques dont les conditions de refinancement se dégradent, en particulier pour celles qui ont en partie recours aux marchés. « Il faut agir vite, c’est le premier semestre qui est en jeu », plaide Estelle Laurent de Credixia. À partir de l’été, le ralentissement de la hausse des taux de crédit devrait en effet rendre le taux d’usure moins problématique pour l’obtention d’un crédit immobilier.
Par Maxime Gayraud
Le 10 janvier 2023 à 13h23
Le Parisien – Lire l’article en ligne
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