À l’issue d’une manifestation devant le siège de l’institution, une délégation de courtiers a été reçue par le Gouverneur de la Banque de France. La profession s’inquiète d’une remontée trop lente du taux d’usure, qui risque de gripper le marché du crédit immobilier.
Une centaine de courtiers en crédit immobilier ont manifesté mardi devant la Banque de France. (Delphine Goldsztejn/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP)
« Usé par l’usure ». C’est une manifestation inédite qui avait lieu ce mardi à Paris. Une centaine de courtiers sont venus défiler, avec banderoles et pancartes, devant le siège de la Banque de France pour exprimer leur inquiétude sur la situation du crédit immobilier.
Venus du Var, de La Baule ou de la région parisienne, à l’initiative de l’Union des Intermédiaires du Crédit (UIC), ils reprochent notamment à l’institution de ne pas faire le nécessaire pour relever plus rapidement le taux d’usure, ce mécanisme qui fixe le taux maximum auquel un prêt peut être accordé.
Des dossiers bloqués
« Nous sommes venus pour être entendus, et montrer que nous sommes des gens sérieux, qui veulent simplement faire le travail et permettre aux Français d’emprunter », a déclaré Bérengère Dubus, la secrétaire générale de l’UIC, qui alerte sur l’incapacité de nombreux ménages à obtenir des prêts à cause du plafond trop bas du taux d’usure.
Une délégation de six personnes a été reçue en fin de matinée par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Alors que Bercy mène une réflexion sur le sujet, les professionnels espéraient ainsi pouvoir démontrer avec des cas réels les blocages auxquels ils disent faire face.
Beaucoup de courtiers témoignent de taux d’emprunt supérieurs à 2 % actuellement proposés par les banques. En ajoutant les frais de dossier et l’assurance-emprunteur, le taux effectif peut aisément dépasser le plafond actuellement fixé à 2,57 %.
Une révision au 1er octobre
Venu de Limoges, Charles Pradon, courtier indépendant depuis dix-sept ans, se dit contraint de « bloquer un certain nombre de dossiers de prêts en attendant le prochain calcul du taux ». Malgré cela, « les dossiers de certains clients, quadragénaires, avec de bonnes situations financières, ne passent plus ».
Révisé de façon trimestrielle, en prenant en compte la moyenne des taux de crédits des trois derniers mois, relevée de 30 %, le taux d’usure augmentera mécaniquement au 1er octobre. « La hausse sera bien proportionnée et plus marquée qu’en juin dernier », a prévenu mardi la Banque de France. Le taux était alors passé de 2,40 % à 2,57 %.
« On va pouvoir débloquer des dossiers et donner un peu d’air aux emprunteurs, reconnaît Eric Debese, patron du réseau Made In Courtage. Mais les banques vont aussi ajuster leurs taux à la hausse en conséquence. Et le problème va se reposer dans quelques semaines ».
Source Les Échos
Romain Gueugneau
Publié le 20 septembre 2022
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